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Les débuts de l’intelligence artificielle en communications graphiques

Cet article a été écrit en 2019. Bien que la technologie a beaucoup évolué depuis sa rédaction, les conclusions demeurent. Les principales améliorations se retrouvent dans les nouvelles fonctions offertes par les logiciels (encore plus impressionnants!), la multiplication des outils disponibles et la possibilité croissante de créer plutôt que simplement automatiser et interagir/comprendre avec un visuel existant. Un portrait de l’intelligence artificielle en graphisme en 2023 est disponible ici.

L’intelligence artificielle est en train de révolutionner le monde. Le Québec, Montréal en particulier, est au cœur de cette révolution qui va affecter notre quotidien. Plusieurs métiers seront profondément modifiés, d’autres disparaîtront, alors que de nouveaux métiers deviendront indispensables. Mais qu’en est-il du métier de graphiste? Comment est-ce que l’intelligence artificielle affectera les graphistes d’aujourd’hui et de demain?

Déjà vu

Auparavant, le graphisme était le fruit de la manipulation du crayon, de films et des caractères de plomb. L’arrivée des ordinateurs, en particulier le Macintosh en 1984, a permis l’utilisation de logiciels pour la création de visuels. Au fil des années, ces logiciels ont évolué. Aujourd’hui, ces mêmes logiciels sont capables de comprendre ce que nous faisons et nous assistent dans la création.

L’intelligence artificielle dans les logiciels d’aujourd’hui

Adobe Sensei

Adobe (Photoshop, Illustrator, InDesign, Acrobat…) est de loin la suite de logiciels la plus utilisée par les graphistes d’aujourd’hui. En 2016, la technologie Adobe Sensei fut intégrée à cette suite. Cette technologie permet notamment la reconnaissance faciale dans les photos. Concrètement, nous pouvons retoucher un portrait dans Photoshop en lui demandant d’accentuer le sourire, d’ouvrir les paupières ou même d’amincir le visage. L’outil Face-Aware Liquify reconnaît automatiquement les caractéristiques du visage et nous permet de les modifier individuellement. La même technologie permet à InDesign d’importer plusieurs photos à la fois et de recadrer automatiquement les images en fonction des visages repérés. Il est aussi possible de changer le format d’un document et de laisser InDesign redistribuer les espacements et les alignements en fonction du contenu. Dans Illustrator, nous pouvons maintenant choisir nos polices de caractère en fonction de critères précis et le logiciel nous suggère des polices semblables. Finalement, la création de formulaires dans Acrobat est grandement facilitée par la détection et la création automatique de champs à remplir. Le logiciel fait même une distinction entre un champ de signature par rapport à un champ de nom en lettres moulées.

Depuis des années, il était possible d’exécuter ces fonctions, mais cela exigeait beaucoup d’opérations et une combinaison d’outils. Ce qui est impressionnant dans ces nouvelles fonctions,  c’est que le logiciel comprend le contenu avec lequel nous travaillons. Ces quelques exemples sont déjà disponibles dans les dernières versions d’Adobe et ces fonctionnalités ne font qu’améliorer l’exactitude et l’efficacité de ces outils, tout en développant d’autres outils. Parmi ces démonstrations d’outils qui sont à venir, notons des fonctions de Quick Layout et d’ajustement de contenu, qui deviennent possibles par la compréhension du contenu et de leur relation les uns avec les autres (titre, sous-titres, photos, texte, notes, graphiques).

Les logiciels d’aujourd’hui ne sont plus seulement une automatisation de commandes répétitives, mais bien des algorithmes qui sont paramétrés pour comprendre et apprendre ce que l’on fait. La multiplication des outils en ligne de même que le modèle d’affaire des logiciels par abonnement (ex.: Creative Cloud) permet de sans cesse mettre à jour ces algorithmes. Nos outils sont donc de plus en plus performants.

Nutella

Aussi, nous pouvons trouver des outils en ligne pour rechercher des photos similaires ou d’une composition précise, nous suggérer des agencements de polices ou de couleurs, ou même nous créer un logo en fonction de quelques critères. Récemment, Nutella a fait produire par un logiciel 7 millions d’étiquettes uniques pour ses pots. Chaque étiquette était unique. Aucun humain n’aurait pu produire autant de versions d’étiquettes!

L’intelligence artificielle et la créativité

Mais est-ce réellement de la créativité ou de simples lignes de code? Est-ce que l’intelligence artificielle peut créer des visuels ou sert-elle simplement à nous assister dans leur création? En journalisme, un algorithme du Washington Post rédige maintenant des articles, alors qu’en musique, certaines pièces ont été créées entièrement par un logiciel d’intelligence artificielle. Certains outils en ligne vous permettent de créer automatiquement votre site web en quelques clics. On peut facilement imaginer un futur proche ou quelques visuels graphiques simples pourront être générés automatiquement et en temps réel (déclinaison dans une autre langue ou un autre format, adaptation d’une campagne, publicité informative…). Le travail du graphiste sera alors de finaliser et d’ajuster le tout, ou même de créer les gabarits et les algorithmes pour ces logiciels. Certaines qualités et aptitudes seront donc plus recherchées chez les graphistes du futur (programmation, logique, synthèse…).

«Un monde où la créativité serait abandonnée à l’intelligence artificielle serait un monde homogène et fade, sans émotion ni originalité.»

Simplification des logos

Cependant, par définition, la créativité introduit un caractère unique et original. Elle trouve des solutions à des problèmes et permet de communiquer. Elle peut produire une émotion et capter l’attention comme aucune machine ne peut comprendre. Un monde où la créativité serait abandonnée à l’intelligence artificielle serait un monde homogène et fade, sans émotion ni originalité. On peut ne pas aimer les idées trop extravagantes ou avant-gardistes, mais si tous les graphistes se fiaient uniquement aux tendances et à ce qui est à la mode, nous ne pourrions distinguer le travail d’un graphiste de celui d’une machine. Il serait facile de programmer des algorithmes pour obtenir les mêmes résultats. Nous avons qu’à penser à tous ces nouveaux logos qui malheureusement se ressemblent

Le futur du métier de graphiste

De la même façon que les ordinateurs ont modifié notre métier il y a 35 ans, l’intelligence artificielle représente de nouvelles façons de créer et d’automatiser de tâches répétitives. En communications graphiques, l’intelligence artificielle n’est pas une menace, mais bien une opportunité de créer différemment et plus efficacement. Bien que certaines tâches répétitives vont être remplacées, le graphiste pourra alors se concentrer sur les défis de la communication visuelle en complétant le travail débuté et en étant assisté par des logiciels beaucoup plus puissants. Face à l’intelligence artificielle, le métier de graphiste n’est donc pas aussi à risque que d’autres métiers… tant et aussi longtemps que la créativité et l’originalité restent au rendez-vous!

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